Le collège secondaire Paul Minault d’Androhibe

Nous étions intéressés par une aide au développement, levier pour aider les hommes et les femmes  à rester sur place,  à valoriser leur terre et à vivre dignement. Bien entendu, cela passe par l’éducation, l’hygiène, la santé et beaucoup d’ONG (organisations non-gouvernementales) se sont lancées dans des projets humanitaires mais ont négligé le « développement
.Nous avons ainsi éliminé plusieurs projets fondés essentiellement sur l’éducation, mais aussi parce qu’elles n’étaient pas assez organisées et ne nous paraissaient pas assez fiables.
A la fin de notre séjour, il en restait 7 qui nous intéressaient


Situé à Ambohijatovo, quartier historique de Tananarive, le collège Paul Minault s’est installé en 1975 à Androhibe, banlieue de la capitale , dans un quartier relativement pauvre, d’abord parce que le bâtiment était vétuste (effondrement de l’internat en1969, toit envolé lors du passage d’un cyclone en 1974), ensuite pour ouvrir la pédagogie et l’éducation sur la réalité socio-économique de Tananarive.

Ce Collège reçoit de nombreux boursiers choisis par les églises protestantes en raison de leurs qualités intellectuelles et leur volonté de réussir. Ils sont accueillis dans un internat à la structure pédagogique et éducative intéressante. Une grande partie de l’élite malgache, dont deux anciens présidents de la République de Madagascar, y a poursuivi ses études
Nous y avons trouvé un établissement mal entretenu, une direction incapable de se projeter dans l’avenir et ne sachant que faire des moyens que nous pouvions leur apporter.
Malgré leur demande, les manuels scolaires que nous avons ensuite expédiés n’ont pas été gérés par le corps enseignant et sont restés inutilisés dans leur CDI pendant de nombreux mois. Etablissement lié à une chaîne d’églises et de paroisses, il peut être aidé à l’interne et il ne constitue pas, pour nous, une priorité.
Dommage car c’était un beau projet qui sentimentalement concernait plusieurs d’entre nous, mais nous avons renoncé à l’aider. Rappel : salaire mensuel moyen à Madagascar : 40€ Coût d’un manuel scolaire 12 à 15 €

Le Toby d'Antsirabé les petits logements

Cette visite a créé en nous diverses interrogations : Passer toutes nos actions au filtre de la raison et de la logique, est-ce pertinent lorsque ce que nous constatons échappe à notre intelligence. Dans un pays où la religion imprègne toute la vie sociale, peut-on vivre une laïcité à la française ? Le toby , c’est un hôpital pour les plus pauvres, pour les cas les plus désespérés, tenu par les pauvres, souvent venus jadis en tant que patients, fonctionnant sans médecin et agissant par la force de la prière. Les patients, hébergés avec leur famille et pris en charge par elles, se retrouvent chaque jour lors d’un culte dirigé par des « bergers ». On prie, on exorcise, on témoigne de sa foi et on aide les autres. Les conditions de vie sont difficiles, surtout au niveau hygiène.

Un puits , une cuisine et un bloc sanitaire

Projet intéressant qui échappe complètement à notre forme de pensée, totalement inattendu dans sa forme comme dans le fond mais trop compliqué à suivre de loin. Nous leur avons cependant envoyé du matériel (potences, matelas, petit matériel pour soins et pour soulager des handicaps et nous leur avons offert de quoi opérer et soigner deux enfants qui ont été hospitalisé en urgence durant notre séjour. Nous avons constaté que s’il était possible de les aider, l’’évaluation serait très difficile et nous ne nous sentions pas armés pour participer-de loin- à une telle action.

Les orphelinats d'Antsirabé et de Tananarive

Au moment de l’indépendance (26 juin 1960), il n’existait pratiquement pas d’orphelinat puisque la tradition malgache voulait que la famille élargie prend soin des enfants dont les parents sont décédés. Depuis, la crise économique, la faiblesse du système de santé, la démographie en forte hausse (on comptera 50 millions d’habitants à Madagascar en 2050) et la progression du nombre d’habitants sous le seuil de pauvreté (un des cinq pays parmi les plus touchés au monde), le nombre d’orphelins a cru de manière importante.
L’orphelinat d’Antsirabe compte une trentaine d’orphelins. Il est bien géré, tant au niveau moral qu’éducatif et financier. Il est déjà soutenu par une association française, « La Cause ». Nous avons donc renoncé à créer un partenariat avec eux.

L'orphelinat AVOTRA

Il fonctionne sur deux lieux. L’un, Bétania, en banlieue de Tananarive. L’autre, dans la ville, dans un quartier difficile. L’accueil des enfants à Bétania Le directeur, Richard Rahajason est un ancien militaire qui a effectué sa carrière à Saumur. Sa femme, Bako Rahajason, médecin, apporte soins et conseils à tous ceux qui se présentent. Tous deux aiment les enfants et portent en eux une volonté et l’ambition de pouvoir aider les orphelins qui sont venus frapper à leur porte depuis 1995. D’abord un, puis deux, puis trois et e 2009, ils étaient plus de deux cents. L’orphelinat a ainsi développé  une prise en charge éducative avec suivi scolaire, une prise en charge médicale, avec médecins, dentistes, sage-femme, infirmière, et souhaite se lancer dans le développement agricole et forestier pour arriver, un jour, à l’autonomie.
l'installation médicale
Les deux orphelinats bénéficient déjà d’aides diverses (France, USA…) et les deux structures font partie des projets soutenus par l’église luthérienne française. Nous ne les avons donc pas retenus.
Médicaments venus de France

Le collège pastoral d'Antsirabé

Un établissement de formation pour les futures cadres de l’église : les étudiants et leur famille sont logés et nourris sur place…du moins quand la direction de l’établissement ne procède pas à d’autres choix.
Devant la gestion très personnalisée du collège, le peu de liens entre étudiants et direction, et malgré le manque évident de moyens, nous avons décidé de donner 800 kg de riz aux étudiants qui n’avaient pas reçu leur bourse depuis plus de six mois, et de ne pas aider le collège. La corruption est un fléau à Madagascar. Nous ne pouvions entrer dans un tell fonctionnement.

L'aide des démunis aux plus démunis

Au niveau de l’aide humanitaire, cette action nous a beaucoup touchés A plusieurs reprises, dans la semaine, des femmes protestantes d’Antsirabe, se réunissent, mettent en commun ce qu’elles ont pu économiser et se rendent dans une pièce située au rez-de-chaussée d’une petite maison où elles vont retrouver une vingtaine de personnes, de tous âges, et qui n’ont aucun moyen de subsistance. Certains tendent la main dan la rue, d’autres sont à la recherche de petits boulots mais elles ne peuvent survivre sans cette petite aide régulière. Cette action se déroule dans la dignité et la discrétion (et c’est pourquoi nous n’avons pris que très peu de photos), et l’aide que nous avons pu leur apporter aura permis de les aider quelques semaines. Mais nous n’avons pas pu -ni voulu- aller plus loin : pas de structure organisée, pas de responsable légal, difficile de se lancer dans une action qui n’aura pas de fin, alors que les églises et œuvres religieuses refusent de rencontrer cette misère. Avec beaucoup de difficultés, nous avons donc laissé ces personnes dont certaines n’arrivaient même pas à s’exprimer.

Le site du village d'Andohafahiry qui sera notre choix

Parce qu’il se situe dans une zone excentrée et ne bénéficiant d’aucune aide officielle parce qu’il a été conçu démocratiquement par les habitants, parce qu’il repose sur un groupe honnête, compétent et intègre et parce qu’il permet de s’investir à long terme dans la scolarisation des enfants, dans l’éducation, dans le développement et dans la recherche de débouchés créateurs d’emplois
Il existe plusieurs villages du même nom. L'un se trouve au sud est de Tananarive près d'un lac, un autre à l'est de Fianarantsoa, au sud est de Madagascar. Celui auquel nous nous sommes intéressés se situe dans un secteur totalement abandonné en zone rurale, sur les hauts plateaux, à un vingtaine de km au sud est d'Ambatolampy.
La commune d'Andohafahiry regroupe plusieurs petits villages accessibles par une piste mal tracée et pas entretenue à une dizaine de kilomètres de la route nationale 7 qui relie la capitale Tananarive à Fianarantsoa, vers le sud de l'île.
Un petit village proche du site d'Andohafarihy
La route pour y accéder en saison des pluies
La même route à pieds

Le fokonolona

Un projet démocratique qui s’appuie sur une structure traditionnelle En 2002, après une réflexion menée au sein du fokonolona, les habitants de la zone d’Andohafarihy ont décidé de créer une association, FITAFA pour faciliter éducation et développement.
Le fokonolona est une communauté villageoise qui réunit les membres d’un ou de plusieurs clans, résidant sur un territoire délimité. Il dispose d’une certaine autonomie et fonctionne selon un mode démocratique, avec la participation des femmes et des enfants. Les décisions sont prises à l’unanimité suivant le code de la Dina (pacte social). Ce n’est donc pas à notre association de définir les besoins locaux, mais à FITAFA de décider et de se prendre en charge.