Andohafahiry, le projet retenu en 2009

1-Andohafahiry, c’est un projet démocratique

En 2002, après une réflexion menée au sein du fokonolona, les habitants de la zone d’Andohafarihy ont décidé de créer une association, FITAFA pour faciliter éducation et développement.

Mme et M Rakotondrabe et leur famille ont décidé , documents notariés à l’appui, de mettre à la disposition de l’association une partie des terres qui leur appartenaient.
M Rakotondrabe, ancien professeurs de l’enseignement public et son épouse sont reconnus localement pour leur intégrité, leur engagement , leur imagination et leur ambition de servir autrui, ce qui est important dans un pays miné par la corruption.

 

2-C'est un projet éducatif et pédagogique

Madagascar, ce sont 11 millions d’enfants non scolarisés (statistiques UNICEF 2022)

L’ouverture d’une école, qu’elle soit ou n on de qualité, religieuse, publique ou privée, répons à un besoin. 

Les corps d’inspection n’existent plus. Ce sont la proximité,  les résultats aux examens et le coût de la scolarité qui déterminent le choix d’une école par les parents. A Andohafahiry, il n’y a pas d’autre école. C’est donc sur un potentiel de 300 à 350 enfants que le projet peut être organisé. De sa qualité dépendra l’adhésion des familles sur le long terme.

Les  élèves viennent  à l’école, à pieds. Ils marchent parfois plus d’une heure, matin et soir, Les classes comptent une bonne trentaine d’élèves. 

Une  participation aux frais de fonctionnement (l’écolage) est demandée aux familles. C’est la volonté de le direction que les familles se motivent et pour cela, qu’elles fassent un effort financier, aussi minime soit-il.

Dans le salles de classe, en 2009,on pouvait voir des « kit scolaire » composés d’un sac, d’un cahier et d’une petite trousse remplie de crayons, gomme, règle, cadeaux offerts aux familles au moment de élections.

 Devant l’inattention et la fatigue des élèves l’après-midi, le corps enseignant a décidé de  confectionner des repas et de les proposer aux élèves aux moments critiques de l’année, surtout lorsque le coût du riz est excessif, en général juste après la saison froide.

 Les élèves mangent donc assis à terre et tous attendent que le dernier soit servi avant de commencer à manger.

 Le site d’Andohafarihy dispose également d’une petite scierie située sur la route nationale 7 (  Tananarive Fianarantsoa) , avec accès à l’électricité. Les habitants du petit village peuvent y travailler. C’est aussi en cet endroit qu’est confectionné le mobilier scolaire.

C’est un projet de développement et de recherche de débouchés créateurs d’emplois

Situation en 2009

Pour donner à manger aux élèves, et pour assurer leur propre subsistance, les responsables se sont donc vite lancés dans la culture et dans l’installation d’un ferme, assez rudimentaire au départ.

Une étable, avec quelques zébus –souvent bien maigres-, de quoi enrichir et travailler le sol
Puis un espace ruches, qui a vite périclité et qui a été abandonné depuis,
Les espaces ont permis d’installer des rizières offrant ainsi la possibilité de nourrir les familles et les enseignants avec le riz, nourriture de base à Madagascar.
En 2009, lors de notre visite, le site donnait du travail à une dizaine d’enseignants (primaire et collège) et nous avions rencontré deux femmes, journalières, travaillant dans les champs avec l’angadi, la bêche traditionnelle malgache, longue et effilée, apte à travailler la terre et la latérite.

C’est un projet qui repose sur une équipe , un savoir faire et des personnes intègres

Situation en 2009

Mme et M Rakotondrabe et leur famille ont décidé, documents notariés à l’appui, de mettre à la disposition de l’association une partie des terres qui leur appartenaient.
M Rakotondrabe, ancien professeur de l’enseignement public et son épouse sont reconnus localement pour leur intégrité, leur engagement , leur imagination et leur ambition de servir autrui, ce qui est important dans un pays miné par la corruption.

Ils sont aidé par une équipe d’enseignants qui s’étoffe peu à peu en fonction des besoins.

Il faut aussi les loger, avec leur famille,  dans des conditions décentes, et leur donner les moyens de faire fonctionner l école.

C’est un projet offrant la possibilité d'échanges et de visites

Afin de créer une dynamique entre notre groupe et  les responsables de Andohafarihy,  demandeurs de contacts et de liens, nous nous sommes constitués en association afin de promouvoir échanges et  découvertes mutuelles.

Sur ce point, nous nous sommes heurtés très vite à la réalité née de la situation sociale et économique :

Utiliser le courrier…mais le coût d’un timbre est le salaire d’une journée de travail

Utiliser le téléphone portable, s’il y en a un et si la recharge est possible

Se déplacer, mais cela n’est possible, vu le coût du voyage que dans le sens France-Madagascar

Cette question méritera  réflexion

Conclusion, en 2009

Aider le  site d’Andohafahiry est un projet  à long terme, nécessitant de laisser aux responsables locaux le choix des décisions, et de  notre part de trouver des aides.

Le projet de l'AMDM de 2009 à aujourd'hui

le rôle et la participation de l’AMDM

Ce projet, c’est celui du village et de FITAFA. Ils en sont les vrais acteurs.
Nous, nous les aidons et leur permettons de le mettre en œuvre, à condition d’être réguliers dans le versement de nos aides. En respectant le calendrier de 2 versementgs par an b(juin et décembre), nous leur donnons la possibilité de préparer des projets pluriannuels indispensables pour le développement du village.
Quand on se demande, chaque matin, ce que l’on va pouvoir donner à manger à ses enfants dans la journée qui suit, on ne peut se projeter dans l’avenir, ni programmer un calendrier d’entretien, ni même imaginer un nouveau projet.
C’est un problème latent, culturel, celui de l ‘Afrique pauvre qui doit réapprendre à vaincre ses peurs-et des peurs légitimes. C’est aussi celui du village d’Andohafarihy.

Ce sont donc les responsables d’Andohafarihy et de FITAFA qui décident des priorités, du choix des chantiers à ouvrir, à poursuivre ou à fermer, et qui agissent sur le terrain.
Ils nous font part de leurs projets, de leurs réussites, de leurs échecs aussi, et nous essayons de les aider à les expérimenter.

Ainsi, nous avons voulu, dès 2009, les libérer du souci permanent du fonctionnement de l’école afin de leur permettre de se consacrer pleinement au développement de ces petits villages excentrés . Depuis cette date, nous versons régulièrement le salaire de 5 enseignants, la bourse de quelques enfants, une subvention pour l’achat ou le renouvellement de matériel, qu’il soit scolaire ou lié au projet de développement.
Et puis au fil des années, nous avons répondu à des opérations concrètes, plus exceptionnelles (lampes solaires, vache, reboisement, construction et aménagement de la ferme école…
Ce sont les réalisations concrètes , entre 2009 et 2023, qui sont listées et présentées ci-dessous, avec un commentaire réduit.

Evolution du projet scolaire de 2010 à aujourd’hui

1-Réhabilitation des salles de classe : des salles plus lumineuses, mieux équipées, mobilier rénové

2009

2023

Rénovation des bâtiments

Murs recouverts de briques, meilleure isolation

Toit en tôle à la place du chaume, petite terrasse autour des bâtiments pour permettre aux élèves de s’asseoir au sec  au moment des repas grâce à la construction de débords dans le prolongement des toits, élargissement des fenêtres pour gagner en luminosité…

2-Ouverture d’un  CDI en remplacement de la bibliothèque. Le cadre est agréable, les étagères sont remplies de manuels scolaires (dont certains ont été collectés dans le bassin houiller en nombre suffisant auprès de fédérations de parents d’élèves et des collèges,  pour permettre à une classe de travailler sur un même document.

3-Acquisition de matériel pour la cour de récréation

2009

2018

Des jeux plus sophistiqués ont remplacé ceux, plus naturels, que le site d’Andahafarihy pouvait offrir.
Certains regretteront cet emprunt à la société carbonée et plastifiée, mais à voir les longues files d’enfants en attentes de quelques minutes de rêve ou de sensations, le choix des responsables a été judicieux !

4-Renouvellement du mobilier scolaire, acquisition de matériel pour les salles

Nouvelles tables

5-Ouverture du jardin d’enfant

En 2009, l’école d’Andohafarihy scolarisait les enfants à partir de 6-7 an s, dans le meilleur des cas.

 

Depuis, avec le développement du site, les emplois créés, les parents ont été moins disponibles pour surveiller les enfants, et le projet de ferme-école ouverte aux adultes n’a fait qu’amplifier le problème.
Il fallait don c ouvrir l’ école aux plus jeunes, surtout à ceux , venus des villages proches dont les parents travaillent dans les champs ou sont en formation.

2 classes « jardin d’enfants «  ont été ouvertes, avec un cérémonial officiel qui a refenforcé l’image positive de l’opération.

Salle de classe adaptée aux plus petits

Evolution du projet éducatif de 2009 à aujourd’hui

Madame Rakotondrabe et sa fille Haingo, longtemps responsables de la partie scolaire du projet ont aussi œuvré pour une sensibilisation aux questions d’hygiène et de santé publique.

1-Cours d’hygiène aux jeunes élèves.

-Il y a beaucoup à faire en ce domaine. Certains points peuvent être abordés en classe et mis en action das le cadre d’activités scolaires (hygiène dentaire , nécessité de repas réguliers…)

2-D’autres relèvent d’un projet plus global lié au développement du site (variété de l’alimentation, qualité de l’eau, installations de sanitaires).

La défécation en plein air ou « à l’air libre » est un des fléaux majeurs en ce qui concerne la santé publique. Les familles malgaches ne disposent pas de toilettes.
Cela concerne surtout les zones rurales ( 40% de l’ile sont concernés), mais aussi les villes, y compris les bas quartiers de Tananarive.
Les dangers sont réels : transmission de maladies par les mouches ou l’eau de pluie surtout en période d’inondation (diarrhées, choléra, typhoïde, poliomiélyte), agressions sexuelles .
Les habitants vont à l’extérieur, à l’air libre. Il s’agit là d’un problème structurel Certains villages ne disposent pas de sanitaires, d’autres les partagent entre plusieurs familles. C’est aussi un problème culturel et comportemental.
C’est donc à l’école d’éduquer les enfants et, grâce à eux, les familles.
En 2009, il y avait un bloc santaire pour les 300 personnes de l’école. Aujourd’hui, plusieurs blocs mobiles, dits « toilettes sèches » ont été installés. Elles n’utilisent pas d’eau. L’intérêt d’assainissement écologique est de récupérer les excréments pour une valorisation par le compost.
-S’est rajouté depuis quelques années une information sur les nuisances de la
déforestation et l’utilité du reboisement.

3-Opération annuelle de reboisement

 La déforestation est aujourd’hui un fléau à l’échelle de la planète. A Madagascar aussi et à un haut degré.

 Il y a un siècle, la route Tananarive-Majunga a été tracée au milieu de la forêt. Aujourd’hui, l’on peut traverser cette région sans voir un seul arbre sur de nombreux kilomètres.

Les raisons :

Pour manger et se chauffer,  il fallait du bois et  du charbon de bois. 

Pour cultiver la terre  et y puiser de quoi se nourrir, il fallait des terrains exploitables. 

Pour nourrir les troupeaux de zébus et  il fallait déforester et créer des zones d’herbage

Pour permettre le trafic d’essences rares, de nombreux arbres ont été coupés…

Il y a ainsi  environ 70 000 hectares de forêts qui disparaissent tous les ans à Madagascar.

(voir vidéo)Les conséquences sont dramatiques, non seulement pour la planète et la lutte contre le réchauffement climatique mais directement pour chaque habitant de Madagascar : l’érosion est très forte en saison des pluies et  la bonne terre est évacuée dès les premières pluies vers les rivières puis vers l’océan. Au bout de deux ou trois ans, il ne reste que la latérite, sorte de carapace dure , pratiquement impossible à travailler et  à cultiver.

La coupe du bois, nécessaire à court terme  est donc une catastrophe écologique à long terme.

Depuis 5 ans maintenant, l’AMDM  subventionne une opération annuelle de  reboisement.  C’est ainsi environ 500 arbres  ou arbustes qui sont plantés par les élèves. En 2022, les parents y ont aussi participé, signe que le message est bien passé dans les familles.

4-Ouverture de puits

L’utilisation de l’eau est sans doute l’un des points importants du projet de développement du site d’Andohafarihy.

  En 2009, nous avons constaté que le site vivait avec un château d’eau et un puits à fleur de terre

 En 2021, des travaux de forage ont été réalisés pour créer d’autres point d’eau  et l’environnement immédiat du puits sécurisé.

Aujourd’hui l’alimentation en eau est multipliée dans de bonnes conditions d’hygiène

 5 Le planning familial

Enfin, dans un pays jeune (doublement de la population dans une génération), la limitation des naissances et le planning familial restent une préoccupation essentielle qui ne peuvent être traités sans l’accord des familles et sans un changement de mentalité et de culture.

Cette photo, prise dans les environs de Tananarive témoigne des enjeux démographiques à Madagascar :

Trois Européens et trois Malgaches se sont ajoutés aux habitants de cette maison… qui compte deux familles, soit deux couples et 18 enfants. 

il y a beaucoup d’enfants dans les familles malgaches. Faut-il dire trop ?

Il est évident que tout projet de développement doit se fixer comme objectif d’apporter de quoi se nourrir à toutes les personnes concernées par le projet. .

L’économie de subsistance doit peu à peu être remplacée par une économie de marché où l’excès de production peut être vendu, négocié, de manière à avoir quelques petites économies et  ne pas vivre toujours dans la crainte du lendemain.

Mme Rakotondrabe s’est emparée de cette question : Information, discussion, venue de membres du corps médical, prise en charge des soins…mais  malgré beaucoup d’investissement, le résultat n’a pas été probant :

Obstacles  pratiques

Qui prend en charge les enfants durant l’hospitalisation des mères de famille à Tananarive ?

Quii prend en charge les frais d’hébergement et de transport jusqu’à Tananarive ?

Obstacles culturels

Proverbe malgache : « les enfants sont comme une canne aux mains d’un élégant : c’est à la fois une parure et un soutien ». Un grand nombre d’enfants permet d’assurer l’avenir et 30% des enfants de moins de 12 ans travaillent, y compris dans des mines,  ou mendient à Tananarive.

Les hommes y sont culturellement opposés, car ils pensent être dépossédés d’un statut où la femme est dépendante du mari. 

Obstacle religieux

Les églises sont importantes dans la culture malgache, depuis la monarchie qui avait chargé les missionnaires du développement du pays. Une grande partie des églises, ou des communautés religieuses refusent l’avortement et toute initiative touchant au planning familial.

une cantine couverte ouverte à tous

.

2009 : la préparation des repas s’effectuait dans un trou creusé dans le sol et les grandes marmites chauffaient à l’air libre.

Aujourd’hui, un local cuisine protège les paniers de riz prêts à servir et c, les enseignants ont revêtu une tenue blanche, signe du souci de propreté.

2009 : 200 à 300 élèves assis sur la terre, humide et collante en saison des pluies, ultra sèche et poussiéreuse en saison sèche. 

Aujourd’hui, la dalle bétonnée autour des bâtiments permet  aux élèves de prendre leur repas, également protégés par le débord des toits

Evolution du projet de développement de 2010 à aujourd’hui